Agroscope, FiBL

Comment la durée de vie des vaches laitières influence la rentabilité

Une étude met en lumière les facteurs économiques qui déterminent la durée d’utilisation optimale des vaches laitières dans deux systèmes de production suisses.

de lait par an, il faut plus de neuf lactations pour atteindre l’optimum économique. Or, les vaches laitières sont en moyenne remplacées beaucoup plus tôt. En Suisse, la durée d’utilisation moyenne du cheptel laitier est généralement inférieure à quatre lactations. Beaucoup de vaches sont en effet éliminées dès les deux premières lactations, en raison notamment de problèmes de santé et de fertilité ou, dans certains cas, par crainte de pertes économiques.

Forte augmentation du revenu jusqu’à la quatrième lactation

Une récente étude d’Agroscope, fondée sur les données de plus de 9700 vaches laitières inscrites au herd-book et ayant produit plus de dix lactations, montre que la production laitière atteint son apogée en moyenne lors de la quatrième lactation et que ce niveau se maintient plus ou moins jusqu’à la neuvième lactation. Les données comptables de deux groupes d’exploitation présentant des niveaux de performance laitière différents – 110 exploitations avec une performance annuelle moyenne par vache de 6194 kg (C_low) et 79 exploitations avec une performance annuelle de 9338 kg par vache (C_high) – ont été mises en lien, dans un modèle bioéconomique, avec les données des vaches inscrites au herd-book. L’objectif était de déterminer au cours de quelle lactation le remplacement d’une vache âgée par une jeune vache s’avère judicieux d’un point de vue économique. Les résultats montrent que les revenus augmentent très nettement de la première à la quatrième lactation, mais de moins en moins à partir de la cinquième lactation.

Jusqu’à 800 francs par vache de revenu potentiel

Sur la base des données du herd-book, la durée d’utilisation moyenne des vaches C_low est en l’état actuel de 3,6 ans et de 2,9 ans seulement pour les vaches C_high. Lorsque l’élimination précoce se fonde sur des motifs économiques, elle engendre de fait une perte de production de trois à quatre mois par année (perte attendue de 25 à 33 %), dans la mesure où les vaches abattues auraient pu vivre plus longtemps. Pour les exploitations C_low, la perte de revenu est supérieure à 400 francs par vache et par année par rapport à une vache «sans problème»; elle est même de plus de 800 francs pour les exploitations C_high.

Les coûts d’élevage et les prix des vaches de boucherie déterminent la durée d’utilisation

Les coûts d’élevage, qui varient entre 2300 et 5000 francs par tête pour les bovins, sont un facteur déterminant de la durée d’utilisation des vaches laitières. Ainsi, pour un éleveur passionné, le moment optimal pour remplacer une vache âgée peut être beaucoup plus précoce que pour d’autres, car il ne prend que peu en compte – voire pas du tout – son propre travail d’élevage. Des prix élevés des vaches de boucherie peuvent également inciter à un abattage précoce. À l’inverse, une prise en compte complète (et correcte) du temps de travail peut, d’un point de vue économique, justifier que l’on prolonge la durée d’utilisation de la vache jusqu’à quatre ans de plus, en fonction du site et de la durée d’élevage. Les progrès de sélection ne jouent en revanche qu’un rôle mineur dans le raccourcissement de la durée d’utilisation optimale.

La fiabilité de la performance prime sur l’augmentation de la performance

Les troupeaux dont la structure d’âge permet une durée d’utilisation moyenne de quatre ans pour les vaches à haute performance et de six ans pour les vaches à faible performance pourraient – par rapport à la situation actuelle – générer des revenus annuels de 10 à 15 % plus élevés. Mais il faut pour cela accorder davantage d’importance à une performance annuelle stable avec des vêlages réguliers (sécurité de la performance).

Figure: Évolution du revenu attendu pour une vache «C_high» en fonction de la durée d’utilisation (nombre d’années), selon différents scénarios de risque. La performance laitière des vaches survivantes (0 % de perte) est une moyenne calculée en tenant compte des pertes potentielles de production laitière (10-50 %) des vaches abattues au cours des différentes années de production. Avec une perte de 33 % (quatre mois de perte de production), l’optimum économique est atteint après trois lactations.

Conclusion

  • Une prolongation réaliste de la durée d’utilisation des vaches laitières permet d’augmenter la rentabilité de la production laitière de 10 à 15 %.
  • Le manque à gagner dû aux pertes de production est particulièrement important chez les vaches à haute performance, de sorte que celles à faible performance se révèlent rapidement plus rentables si elles peuvent être utilisées sur une plus longue durée grâce à une meilleure condition physique.
  • Les vaches à performance stable «sans problème» passent souvent inaperçues. Elles ne devraient pas être retirées trop rapidement du circuit, même si les animaux de remplacement promettent des rendements plus élevés.
  • Pour améliorer la fiabilité de la production laitière, les exploitations auraient tout à gagner à définir des performances laitières adaptées au site et à la qualité de la prise en charge.
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