Limiter l’apport en protéines dans l’alimentation des bovins
Walter Fiechter, landwirtschaft.ch
La production de lait et de viande basée sur les herbages favorise une alimentation des ruminants adaptée au site. Avec la PA22+, la question de la diminution de l’apport en protéines via des aliments concentrés est débattue. Agroscope a étudié les effets d’un apport limité en protéines.
En janvier 2014, la Confédération a introduit le programme Production de lait et de viande basée sur les herbages (PLVH) dans le cadre de l’ordonnance sur les paiements directs. L’objectif du programme PLVH est de maintenir une alimentation des ruminants à base d’herbe adaptée au site et de réduire l’utilisation d’aliments concentrés. Une évaluation réalisée peu après l’introduction du programme PLVH a permis d’identifier des lacunes qu’il s’agit de combler. La solution actuellement à l’étude consiste à augmenter la part de protéines fourragères produites par l’exploitation elle-même issues de prairies et de pâtures dans les rations du bétail bovin.
Développement de la production de lait et de viande basée sur les herbages
Pour la poursuite du développement du programme PLVH, en 2018, l’Office fédéral de l’agriculture a chargé le groupe de recherche Ruminants d’Agroscope d’étudier les effets de la non-utilisation de concentré de protéines sur l’alimentation, la production de fourrage pour animaux, la santé animale, la rentabilité, l’environnement (sera approfondi à l’avenir) et la contrôlabilité du programme.
Agroscope a examiné trois variantes d’alimentation proposées par l’Office fédéral de l’agriculture pour le programme PLVH:
- Utilisation exclusive de propres fourrages issus d’herbages et de pâturages.
- Des aliments pour animaux ayant une teneur maximale en protéines de 120 g par kg de matière sèche sont autorisés en plus de propres fourrages issus d’herbages et de pâturages.
- Des fourrages d’une teneur maximale en protéines de 250 g par kg de matière sèche sont autorisés, en plus des propres fourrages issus d’herbages et de pâturages.
Les vaches laitières figuraient au centre de cette étude. La mise en œuvre des variantes a également été testée avec les bovins d’élevage, l’engraissement de bovins et les vaches allaitantes.
Les variantes 1 et 2 sont très restrictives pour les producteurs et comportent divers défis comme:
- offrir à tout moment des fourrages de qualité issus d’herbages et de pâturages;
- assurer un équilibre entre énergie et protéines;
- éviter la pénurie de fourrage et la malnutrition ;
- accepter les fluctuations extrêmes de la production et du revenu;
- ne pas avoir de possibilité d’acheter du fourrage;
- ne pas être autorisé à utiliser des sous-produits de l’industrie alimentaire ou uniquement de manière limitée.
La variante 3 ne limite guère l’apport en protéines, tout au plus dans les rations riches en maïs pour les bovins à l’engrais, et n’a donc pas été poursuivie.
Des règles claires et compréhensibles seraient nécessaires pour la mise en œuvre de toutes les variantes. Il s’agirait donc de signaler plus précisément les aliments autorisés, tels que le lait, la paille ou l’ensilage de plantes entières. Il est également nécessaire d’apporter des éclaircissements sur le commerce du fourrage, la valorisation des sous-produits, l’estivage, la participation flexible au programme PLVH, les possibilités de sortie et l’utilisation des produits issus de l’exploitation.
Conclusion
- Il est nécessaire de décrire plus précisément les nouvelles variantes du programme relatif à la production de lait et de viande basée sur les herbages ainsi que les aliments autorisés.
- Avec l’utilisation exclusive de propres fourrages issus d’herbages et de pâturages, l’approvisionnement en énergie des vaches laitières constituerait un plus grand défi à relever que l’approvisionnement en protéines.
- Avec l’utilisation exclusive d’aliments concentrés à teneur réduite en protéines (max. 12 % de protéines), une carence en protéines dans la ration totale serait probable. Une carence prononcée en protéines peut affecter la consommation d’aliments, la performance, la santé, la fertilité et le bien-être des animaux.
- Dans les rations complétées par des aliments concentrés (max. 12 % de protéines), des parts minimales de fourrages issus d’herbages et de pâturages inférieures à 65 % et 1500 kg d’aliments concentrés par vache et par année sont possibles.
- La perte de revenu liée à une supplémentation réduite en protéines dépend de la situation initiale et fluctue donc beaucoup.
- Environ 9 à 14 % des producteurs de lait pourraient appliquer la variante avec une alimentation exclusive à base de propres fourrages issus d’herbages et de pâturages.
Point de vue de l’Office fédéral de l’agriculture
L’OFAG prend note des résultats de l’étude et remercie Agroscope pour ces précieux résultats qui permettront de développer de manière ciblée le programme pour une production de lait et de viande basée sur les herbages.
Les mesures issues de la PA22+ visent à promouvoir davantage le maintien d’une production de lait et de viande adaptée au site. En limitant l’apport en protéines brutes, l’approvisionnement en protéines des animaux devrait être assuré principalement par des aliments issus de l’exploitation. Cela conduit à des effectifs d’animaux et une alimentation adaptés au site. Il en résulte des cycles nutritifs fermés et une accumulation accrue d’engrais de ferme à l’échelle régionale est évitée. Dans le pays à herbages qu’est la Suisse, le potentiel des protéines végétales de l’herbe doit être exploité pour la production de lait et de viande.
En outre, l’utilisation d’aliments protéiques comme le tourteau de soja, le gluten de maïs, etc. dans l’alimentation des bovins est réduite.
Cela offre un potentiel évident de différenciation par rapport aux autres pays et peut contribuer à la stratégie de la valeur ajoutée. Cette mesure soutient également la stratégie de la Confédération en matière de sélection animale. Le développement ultérieur du programme PLVH prévu dans le cadre de la PA22+ tiendra compte des résultats de l’étude d’Agroscope.
Référence bibliographique
Limiter l’apport en protéines dans l’alimentation des bovins