Agroscope

Bandes fleuries et haies – lutter contre les ravageurs tout en favorisant la pollinisation et le rendement?

Article dans Ecology Letters, (2020)

Les bandes fleuries permettent de mieux contrôler les ravageurs. Pérennes et diversifiées, elles améliorent également la pollinisation des cultures. En Suisse, les haies montrent de bons résultats, alors qu’au plan international leur incidence n’est pas toujours évidente. Les effets sur les rendements ont été variables.

Des produits agricoles qui aient le moins d’impact possible sur l’environnement? Cette exigence sociétale se fait de plus en plus souvent entendre. Ce grand écart entre bons rendements et environnement intact a plus de chance de se réaliser si l’on s’appuie également sur les prestations qu’offre la nature: des auxiliaires pour une pollinisation et une lutte plus efficaces contre les ravageurs. Ce sont justement ces alliés que les haies et bandes fleuries permettent de promouvoir.

Des spécialistes d’Agroscope ont utilisé les données de 35 études sur des écosystèmes agricoles d’Amérique du Nord, d’Europe et de Nouvelle-Zélande pour évaluer quantitativement l’efficacité des bandes fleuries et des haies pour la pollinisation et le contrôle des ravageurs. Ils ont également recherché les facteurs clés qui expliquent l’échec ou le succès de telles mesures. Leur objectif: soumettre des propositions d’amélioration pour l’aménagement de bandes fleuries et de haies optimales. Concrètement, il s’agissait de comprendre:

  • dans quelle mesure les bandes fleuries et les haies améliorent la pollinisation et la lutte contre les ravageurs,
  • quel rôle joue la diversité des plantes à fleurs et l’ancienneté des bandes fleuries,
  • si un paysage diversifié et richement structuré a une influence et
  • si les bandes fleuries améliorent la récolte.

Lutte contre les ravageurs: une amélioration de 16 % grâce aux bandes fleuries

L’étude a fourni un résultat clair: les bandes fleuries améliorent de 16 % en moyenne la lutte contre les ravageurs dans les champs adjacents. Si les haies étudiées en Suisse ont également contribué à la promotion des auxiliaires et à la pollinisation, au plan international par contre, il n’a pas été possible de quantifier clairement leur influence en termes de lutte contre les ravageurs. L’explication pourrait être qu’il est plus facile, dans les bandes fleuries, de prendre en compte et de semer les espèces végétales qui favorisent plus particulièrement les auxiliaires souhaités.

Ancienneté, diversité, connectivité – un must!

Dans les études prises en compte, les spécialistes d’Agroscope ont constaté que les bandes fleuries pérennes, présentant une grande diversité d’espèces, favorisent plus efficacement les insectes pollinisateurs et par conséquent la pollinisation. De telles bandes fleuries semblent offrir non seulement un meilleur réservoir de nourriture, mais également de meilleures possibilités d’hivernage ou de nidification. Avec le temps, des populations locales d’auxiliaires peuvent s’y établir. Les effets positifs sur la pollinisation des cultures étaient les plus importants à proximité des bandes fleuries et des haies et diminuaient à mesure que l’on s’en éloignait. Plus grand ne signifie pas nécessairement meilleur: au contraire, plus il y a de petites surfaces de ce type reliées entre elles, plus leur influence positive sur la pollinisation est importante.

Les spécialistes d’Agroscope n’ont pas observé d’effets significatifs des bandes fleuries sur le rendement. Cela s’explique probablement par le fait que les effets ont été très variables et que d’autres facteurs influencent davantage encore le rendement. Des recherches plus approfondies sont nécessaires dans ce domaine.

Conclusion

  • Trois facteurs au moins semblent influencer l’efficacité de ces éléments sur la pollinisation et la lutte contre les ravageurs: la diversité des plantes à fleurs semées, l’ancienneté des bandes fleuries et la connectivité des haies et bandes fleuries dans le paysage.
  • Une plus grande richesse en espèces végétales n’a pas seulement un effet positif sur la diversité des auxiliaires, elle est également synonyme de meilleure pollinisation dans les cultures avoisinantes, autrement dit un scénario gagnant-gagnant pour l’agriculture et l’environnement.
  • À partir de trois ans après le semis environ, les bandes fleuries sont particulièrement efficaces.
  • Relier ces surfaces entre elles ou avec d’autres éléments du paysage représente également un plus d’un point de vue paysager.
  • Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour définir de quelle manière obtenir également des effets positifs sur les rendements plus significatifs et plus efficaces. Il est important en ce sens d’identifier les facteurs clés qui maximisent l’efficacité des bandes fleuries.
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