BFH-HAFL

KLIR: modèle de calcul du bilan de gaz à effet de serre des exploitations laitières

Dans l’agriculture, les exploitations laitières sont une source majeure de gaz à effet de serre (GES). Afin de calculer les émissions à l’échelle des exploitations et d’identifier des mesures de réduction, une équipe de recherche de la BFH-HAFL a développé un modèle qu’elle a testé sur 46 exploitations.

L’agriculture génère un septième des émissions de GES de la Suisse, et plus de la moitié de cette part est le fait des exploitations laitières. Les milieux politiques exigent donc que le secteur prenne des mesures de réduction. Or, pour vérifier l’efficacité de telles mesures dans les conditions particulières de la production laitière basée sur les fourrages grossiers, il faut pouvoir chiffrer les émissions à l’échelle d’une exploitation individuelle. 

La Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (BFH-HAFL) a développé le modèle KLIR de calcul du bilan des émissions de GES dans le cadre de son projet «Production laitière ménageant le climat et les ressources», puis l’a testé sur 46 exploitations laitières. Le projet a été implémenté par Aaremilch AG et financé par Nestlé ainsi que par l’Office fédéral de l’agriculture, au titre de l’ordonnance sur la qualité et la durabilité (OQuaDu). Se fondant sur des méthodes reconnues à l’international et spécifiquement adaptées aux conditions suisses, KLIR (disponible comme application en ligne ou outil Excel) permet de calculer le bilan GES d’une exploitation laitière, exprimé en équivalents CO2 (éq. CO2), puis de modéliser les effets de mesures de réduction. Comme beaucoup des mesures proposées dans la littérature touchent à l’alimentation des ruminants, KLIR est lui aussi centré sur la ration individuelle de chaque exploitation.

Contributions des sources d’émissions significatives au bilan GES des 46 exploitations analysées à l’aide du modèle KLIR (moyenne et écart-type)

Selon KLIR, environ 56 % des émissions de GES des élevages laitiers sont à mettre au compte du méthane produit par la fermentation entérique (décomposition des glucides par des microorganismes dans la panse des ruminants). Environ 23 % proviennent du stockage des engrais de ferme et 20 % de la production des aliments (produits sur l’exploitation ou achetés).

Limites du système

Lors de l’établissement d’un bilan GES, il faut toujours définir les limites du système. Ici, c’est l’exploitation qui constitue le système étudié, mais on a aussi tenu compte des émissions des intrants (p. ex. celles dues à la production d’aliments ou d’engrais), comme c’est la norme pour les écobilans. En revanche, le modèle ne tient pas compte de l’engraissement des jeunes animaux excédentaires, des émissions dues à la construction des bâtiments ou du bilan carbone des sols agricoles. Avec 1,01 kg éq. CO2 par kg de lait ECM (lait normalisé pour la teneur en matière grasse et en protéines), le bilan GES obtenu à l’aide de KLIR est plus bas que les chiffres avancés jusqu’ici pour la Suisse. En comparaison internationale avec des sites de production laitière hautement spécialisés, les exploitations de la présente étude se situent dans la fourchette médiane.

Allocation des émissions au lait ou à la viande

L’élevage laitier est toujours lié à la production de viande bovine, car les jeunes animaux en surnombre et les vaches de réforme sont engraissés pour l’abattoir. Plusieurs méthodes d’allocation des émissions au lait ou à la viande ont été testées. Si les émissions sont réparties entre le produit principal lait et le coproduit viande, les émissions diminuent nettement, à 0,75 – 0,77 kg éq. CO2 par kg de lait ECM.

Conclusions

  • Le modèle KLIR permet une modélisation plausible et mécaniste d’un bilan GES à l’échelle d’une exploitation individuelle, en appliquant des normes internationales adaptées aux conditions suisses.
  • Les émissions de méthane de la fermentation entérique sont à l’origine de la majorité des émissions de GES. 
  • La méthode d’allocation des émissions au lait et au coproduit viande influence fortement la répartition des émissions prédites par le modèle.
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