Agroscope, Université de Fribourg

Lutte biologique contre les vers fil de fer dans les cultures dérobées

Crop Protection 150, 105811, 2021

Les vers fil de fer causent de lourdes pertes dans les pommes de terre. Cette étude a examiné comment les décimer grâce à un champignon dans les cultures dérobées. La stratégie a partiellement réussi, mais doit être optimisée avant d’être mise en pratique.

Les vers fil de fer, larves de taupins qui vivent dans le sol, peuvent causer de lourdes pertes dans les récoltes de pommes de terre en creusant des trous dans les tubercules. Idéalement, les mesures de lutte contre le ver fil de fer devraient, en plus d’être efficaces, être aussi respectueuses de l’environnement et des utilisateurs. L’absence de telles mesures efficaces nécessite de chercher de nouvelles options.

Champignon entomopathogène en tant qu’antagoniste

Une possibilité consiste à utiliser des champignons naturellement présents dans le sol et qui attaquent les insectes, comme le Metarhizium brunneum. Cette étude a permis de tester une méthode de lutte préventive contre les vers fil de fer dans les cultures dérobées et de la comparer aux insecticides chimiques de synthèse actuellement autorisés.

La méthode d’application a été adaptée à la biologie du champignon ainsi qu’à celle des vers fil de fer. Le développement des larves de ver fil de fer dure plusieurs années dans le sol, ce qui fait que le traitement ne doit pas nécessairement avoir lieu pendant la saison des pommes de terre, mais peut être différé. Lorsqu’il est appliqué en même temps que le semis d’une culture dérobée à la fin de l’été, le champignon trouve de meilleures conditions d’infection, car les températures du sol sont élevées. La couverture végétale et la dormance du sol pendant l’hiver protègent le champignon des influences environnementales, prolongeant ainsi sa durée d’action.

Augmentation de la mortalité des vers fil de fer, mais réduction insuffisante des dommages causés aux pommes de terre

Le champignon a pu être identifié en concentrations plus élevées dans les sols traités et est resté pratiquement aussi vital sur une durée de huit mois jusqu’à la culture des pommes de terre. Le traitement des sols a considérablement augmenté la mortalité des vers fil de fer dans les essais en laboratoire, et le champignon appliqué a pu être récupéré sur des spécimens collectés sur le terrain. Cependant, une réduction statistiquement significative des dommages causés aux pommes de terre n’a été constatée que dans deux des dix parcelles d’essai.

Les traitements avec des produits phytosanitaires chimiques de synthèse n’ont pas donné de meilleurs résultats, n’étant pas parvenus eux non plus à réduire suffisamment les dommages causés par le ver fil de fer.

L’application dans la culture dérobée a permis d’augmenter le nombre de l’antagoniste du ver fil de fer, M. brunneum, dans le sol. Toutefois, pour assurer une utilisation fiable dans la pratique, la stratégie de protection des plantes a encore besoin d’améliorations.

Conclusions

  • L’application du champignon Metarhizium brunneum, antagoniste naturel des vers fil de fer, a permis d’augmenter fortement sa présence dans le sol pendant plusieurs mois, d’où un impact sur le taux de survie des vers fil de fer.
  • Ni la méthode de lutte biologique, ni l’application des produits phytosanitaires chimiques de synthèse autorisés n’ont permis de limiter suffisamment les dégâts.
  • Les facteurs qui limitent la réussite de la lutte contre le ver fil de fer n’ont pas encore été suffisamment étudiés. Notre étude souligne l’importance et l’urgence de poursuivre les recherches afin d’offrir une protection efficace contre les dommages causés par le ver fil de fer.

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