Agroscope

Substances nocives dans des produits contenant du charbon actif: améliorer les méthodes de détection et les bases légales

De nombreux produits de consommation contiennent du charbon (actif). Celui-ci peut être contaminé par des substances nocives tels les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Agroscope a montré que les méthodes d’analyse et bases légales actuelles sont lacunaires.

Dentifrices, savons, masques pour le visage, colorants alimentaires, farines, filtres à eau, médicaments anti-diarrhéiques: tous ces produits contiennent du charbon actif ou du charbon végétal dont le rôle est principalement de fixer des substances nocives ou de conférer à ces produits une couleur noire.

Le charbon (actif) contient souvent des HAP nocifs

La production de charbons par pyrolyse – mais également les grillades, le tabagisme, le fumage, les éruptions volcaniques, les feux de forêt ou encore les moteurs à combustion – génèrent des HAP qui adhèrent en partie au charbon. Parmi les centaines de substances ainsi produites, toutes n’ont pas la même toxicité, mais certains HAP comme le benzo[a]pyrène (BaP), probablement le plus connu, sont cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction.

Lors de l’utilisation de produits à base de charbon (actif), les HAP peuvent se détacher de la surface et pénétrer dans l’organisme par la peau, les poumons ou le tractus gastro-intestinal et y induire des effets. C’est pourquoi les produits de consommation contenant du charbon (actif) ou composés de charbon (actif) doivent répondre à certaines exigences de qualité, notamment en ce qui concerne la teneur en HAP. Nous avons montré dans cette étude que la réglementation entourant ces produits de consommation est généralement insuffisante, parfois même contradictoire, en termes d’analyse et de teneur en HAP.

Potentiel d’optimisation des méthodes d’analyse et de la réglementation des HAP dans le charbon (actif)

Les méthodes d’analyse appliquées actuellement s’avèrent insuffisantes, tant en termes de capacité d’extraction que de techniques de détection. Les solvants utilisés sont par exemple souvent trop faibles, ce qui implique que les HAP ne se détachent pas du charbon (actif). De plus, la durée d’extraction recommandée est trop courte ou n’est tout simplement pas décrite. Les techniques de détection des HAP dans l’extrait ne sont pas assez spécifiques ou pas assez sensibles selon les dispositions légales.

Teneurs en HAP élevées dans certains échantillons

À l’étape suivante, nous avons acheté une sélection de charbons (actifs) ou de produits contenant du charbon (actif) que nous avons analysés. Nous avons appliqué une méthode optimisée précédemment pour le charbon végétal (l’une des nombreuses catégories de produits à base de carbone pyrogène) pour en analyser les HAP. Dans huit des quinze échantillons, des concentrations allant jusqu’à 30 mg/kg de HAP (somme des seize composés considérés comme prioritaires par l’agence de protection de l’environnement américaine) et une concentration de BaP allant jusqu’à 1,4 mg/kg ont été détectées. Une telle teneur est nettement supérieure à la valeur limite fixée dans le règlement européen sur les additifs alimentaires ou au standard du certificat européen pour le charbon végétal. Ce constat montre que les produits actuellement disponibles sur le marché ne sont pas irréprochables quant à leur teneur en HAP. Et ce, bien que les mécanismes de formation et de minimisation des HAP, lors de la fabrication de charbon par pyrolyse, soient connus et que la base d’une réglementation plus cohérente soit ainsi donnée.

Conclusions

  • La réglementation actuelle concernant les HAP dans les produits de consommation à base de charbon (actif) ou contenant du charbon (actif) est généralement insuffisante, parfois même contradictoire, du point de vue de la chimie analytique.
  • Par conséquent, l’assurance qualité des produits de consommation à base de charbon (actif) ou contenant du charbon (actif) n’est pas non plus totalement garantie.
  • Les produits disponibles sur le marché peuvent contenir des concentrations de HAP supérieures aux valeurs indicatives ou aux valeurs limites en vigueur.
  • Nous proposons une révision et une harmonisation de la législation et fournissons des indications pour une méthode d’analyse adéquate.
  • Il faut parvenir à une uniformisation des différents composés réglementés, en se concentrant sur les substances qui présentent des risques toxicologiques. Il est nécessaire en outre de définir des méthodes d’analyse obligatoires pour ce type d’échantillons et d’harmoniser les valeurs indicatives ou les valeurs limites.
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