Comment les aliments d’origine animale peuvent-ils contribuer à une alimentation saine et durable?
Photo: Gabriela Brändle,
Agroscope
Les aliments d’origine animale sont-ils nos amis ou nos ennemis? Cela dépend des besoins des consommatrices et consommateurs et des conditions de production locales, comme le montre une vaste étude de synthèse à laquelle Agroscope a participé.
Les discussions scientifiques et politiques sur le rôle des aliments d’origine animale dans une alimentation saine et durable sont souvent polémiques. En analysant les données et les études existantes, notre but est de mettre en évidence les avantages et les risques de l’élevage à l’intention de la recherche, des décideurs politiques et de la collectivité.
Valeur nutritive élevée des aliments d’origine animale
L’un des principaux avantages des aliments d’origine animale – qui comprennent la viande, le poisson et d’autres animaux aquatiques, les œufs et les produits laitiers – est leur teneur en éléments nutritifs biodisponibles et facilement assimilables tels que le fer, le zinc, le calcium, la vitamine B12, la vitamine D, la choline, les acides gras oméga 3 et les acides aminés essentiels. Les populations souffrant de malnutrition, par exemple en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, pourraient tirer profit d’une consommation accrue d’aliments d’origine animale. Il en va de même des femmes enceintes et qui allaitent, des enfants et adolescents ainsi que des personnes âgées, qui ont tous des besoins nutritionnels accrus.
Risques d’une consommation élevée pour la santé
A contrario, la consommation trop élevée de viande transformée, de viande rouge et de graisses saturées présente un risque pour la santé et il faut veiller à la modérer. La viande qui a été conservée par salage, salaison, fermentation, fumage ou autres procédés en particulier est corrélée au risque de développer maladies cardio-vasculaires, cancers ou diabètes.
Les graisses saturées présentes dans les aliments d’origine animale, notamment dans la viande rouge, augmentent le risque de maladies cardiovasculaires. Une consommation excessive de viande rouge est également néfaste pour la santé, surtout si elle ne s’inscrit pas dans le cadre d’une alimentation équilibrée.
Des impacts sur l’environnement qui dépendent du mode de gestion
Les effets sur la santé ne sont pas les seuls à être discutés. Les effets sur l’environnement font eux aussi l’objet de débats animés dans la recherche, la politique et la société. Agroscope et les co-auteurs de l’article traite cinq domaines en détail: l’utilisation des terres, le changement climatique, le sol, l’eau et la biodiversité. Dans tous ces domaines, les effets sur l’environnement peuvent être à la fois positifs et négatifs.
Domaine | Effet positif | Effet négatif |
Utilisation des terres | 1,38 milliard d’hectares de terres impropres à l’agriculture sont utilisés pour la production alimentaire grâce aux ruminants. | 0,7 des 2 milliards d’hectares d’herbages actuellement utilisés pour l’élevage pourraient également être consacrés aux grandes cultures (avec cependant une possible perte de services écosystémiques lors de leur conversion, comme le stockage du carbone, la protection contre l’érosion ou la biodiversité). De plus, 0,55 milliard d’hectares de terres arables, soit 40% des terres arables mondiales, sont utilisées pour la culture d’aliments pour animaux. |
Sol | Des engrais d’origine animale bien dosés apportent aux plantes l’azote et le phosphore nécessaires et augmentent la matière organique du sol, ce qui améliore sa fertilité et sa capacité de rétention d’eau. | L’apport excessif de fumier et de lisier entraîne des pertes d’éléments nutritifs par émission de gaz, lessivage et ruissellement. |
Changement climatique | Un pâturage et une fertilisation adaptés permettent d’augmenter la matière organique du sol et de fixer ainsi du carbone supplémentaire dans le sol. Les émissions, notamment de méthane entérique, peuvent être réduites si les systèmes animaux et végétaux sont mieux intégrés et si les animaux sont plus efficients. | L’élevage et la production d’aliments pour animaux émettent des gaz à effet de serre, dont le méthane et le protoxyde d’azote. |
Eau | Un élevage adapté aux conditions locales favorise l’infiltration ainsi que la qualité et la quantité de l’eau. | Consommation d’eau élevée dans les systèmes avec irrigation et mise en danger des sources d’eau douce par le ruissellement ainsi que pertes d’éléments nutritifs dues à l’élevage intensif. |
Biodiversité | La longue histoire de l’élevage en Europe a donné naissance à des types d’écosystèmes d’une très grande biodiversité qu’une gestion adaptée des pâturages peut préserver. | La surfertilisation et les polluants issus de l’élevage d’animaux de rente menacent la biodiversité. |
Renforcer les effets positifs grâce à l’économie circulaire
Pour lutter contre les effets négatifs de l’élevage sur le changement climatique, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a identifié trois stratégies principales:
- Amélioration de l’efficience et de la productivité dans l’élevage d’animaux de rente
- Intégration des ruminants dans l’économie circulaire
- Augmentation de la teneur du sol en carbone grâce à une gestion adaptée des pâturages
Il est prioritaire de mettre l’accent sur l’économie circulaire afin de renforcer les interactions positives entre l’élevage et l’environnement. Pour ce faire, il faut mettre en relation la production végétale et la production animale spécialisées à grande échelle par le biais du commerce d’engrais de ferme et d’aliments pour animaux. Il peut s’agir par exemple d’augmenter la part d’herbe et de résidus issus de la production alimentaire dans la ration des ruminants ou d’utiliser des engrais de ferme pour la fertilisation et la production d’énergie.
Tenir compte du contexte local et des personnes concernées
Pour apporter des changements durables et positifs à la production et à la consommation d’aliments d’origine animale, il est important de tenir compte du contexte local, avec ses conditions alimentaires et environnementales propres, et d’impliquer les groupes d’intérêt concernés par ces changements.
Conclusions
- Les aliments d’origine animale et végétale ont des profils nutritionnels complémentaires. Une alimentation équilibrée comprenant les deux groupes d’aliments réduit le risque de carence.
- Les groupes de population qui consomment beaucoup de viande, en particulier de la viande transformée, pourraient tirer profit d’une réduction de leur consommation, ce qui aurait également des avantages environnementaux.
- Les aliments d’origine animale ont des impacts environnementaux négatifs en termes d’utilisation des terres, de changement climatique, de santé des sols, de quantité et de qualité de l’eau et de biodiversité. Toutefois, ils ont aussi des effets positifs dans ces mêmes domaines, effets qui peuvent être renforcés par l’utilisation de pratiques vertueuses.
- Associer la production animale et végétale dans le cadre de l’économie circulaire permet de préserver les ressources et de réduire les impacts environnementaux.
Référence bibliographique
Comment les aliments d’origine animale peuvent-ils contribuer à une alimentation saine et durable?