L’esparcette, une alternative au trèfle dans l’affouragement en vert des vaches laitières?
Photo: Olivier Bloch
Agroscope
L’esparcette, une ancienne plante fourragère presque oubliée, connaît un regain d’intérêt, car elle peut entraîner une réduction des émissions chez les ruminants. Agroscope a mis en évidence un effet de réduction des émissions de méthane et d’ammoniac chez les vaches laitières nourries avec de l’esparcette.
L’esparcette appartient à la famille des légumineuses fourragères comme par exemple la luzerne ou les différentes espèces de trèfle. Elle se distingue cependant des autres par sa teneur élevée en tanins. Ceux-ci, en se liant aux protéines et à d’autres composants du fourrage, peuvent avoir des effets chez les ruminants, en particulier dans la panse. Cela a des répercussions sur la valorisation et l’excrétion des éléments nutritifs et peut, selon la concentration en tanins, entraîner une réduction des émissions.
Les aliments conservés et les aliments frais ont des effets différents
La conservation de l’esparcette réduit son efficacité à des degrés divers en raison des pertes et des modifications de la structure des tanins. D’autre part, l’alimentation en vert pose souvent le problème des changements et des variations importantes de la qualité du fourrage. Dans ce contexte, l’affouragement d’esparcette fraîchement coupée a été comparé à un mélange trèfle-graminées chez 16 vaches laitières en milieu de lactation et à deux moments donnés.
L’esparcette influence l’excrétion de N et donc les émissions de NH3
Les résultats obtenus lors de précédentes études avec de l’esparcette conservée ont été confirmés, à savoir une réduction de la digestibilité des nutriments et le transfert proportionnel des excrétions d’azote de l’urine vers les fèces pouvant avoir un effet positif sur les émissions potentielles d’ammoniac. Cependant, l’excrétion totale d’azote était plus élevée avec l’esparcette qu’avec le trèfle, en raison d’une ingestion plus importante d’azote.
L’esparcette fraîche réduit les émissions de méthane de 13 % par rapport au trèfle
L’affouragement d’esparcette a permis de réduire l’émission quotidienne de méthane d’environ 13 % par rapport au trèfle et, eu égard au rendement laitier dans une mesure similaire. Toutefois, dans le cas de cet essai, cela peut être dû au moins en partie à l’ingestion plus faible de fibres dans le groupe esparcette par rapport au groupe trèfle.
Conclusions
- Comparée au trèfle, l’esparcette fraîchement coupée a eu pour effet de réduire les émissions de méthane chez les vaches laitières, sans influencer la production laitière pendant la période étudiée. Cet effet était au moins partiellement dû à la diminution de l’absorption de fibres.
- Par rapport à l’ingestion, l’alimentation à base d’esparcette entraîne une plus grande proportion d’excrétion de N par les fèces et non par l’urine, ce qui peut avoir un effet positif sur les émissions potentielles d’ammoniac. Cependant, comme l’ingestion d’azote était généralement plus élevée avec l’esparcette, la quantité d’azote urinaire excrétée par jour n’a pas diminué.
- Le problème global d’une qualité fluctuante des fourrages lors de l’affouragement en vert fait qu’il est difficile d’attribuer à l’esparcette des effets durables de réduction des émissions.
Article scientifique
L’esparcette, une alternative au trèfle dans l’affouragement en vert des vaches laitières?
