Agroscope

Quelle est la quantité d’azote de l’air qui parvient dans le sol par le biais des légumineuses?

La fixation symbiotique de l’azote par des bactéries dans le sol en cohabitation avec des légumineuses entraîne une réduction du besoin en engrais. Dans les exploitations agricoles, ce paramètre n’est toutefois pas facilement mesurable. Or, des chercheurs d’Agroscope ont développé une méthode qui permet d’évaluer, au niveau de l’exploitation, les apports d’azote par la fixation symbiotique.

Les bilans entrée/sortie sont un instrument qui permet de représenter l’efficience de l’utilisation de l’azote d’une exploitation agricole. En Suisse, la plupart des exploitations agricoles ont des légumineuses dans leur rotation de cultures et sur leurs surfaces herbagères. Une bonne estimation des apports d’azote via la fixation symbiotique permet donc d’améliorer l’efficience globale de l’utilisation de l’azote dans l’exploitation. Des chercheuses et chercheurs d’Agroscope ont développé une méthode permettant d’estimer, au niveau de l’exploitation, la quantité d’azote fixée par les légumineuses. Cette estimation se fait principalement à partir de données déjà disponibles dans les exploitations agricoles.

Une revue de littérature a permis de sélectionner deux modèles d’estimation de l’azote lié de manière symbiotique, l’un pour les surfaces herbagères et l’autre pour les légumineuses annuelles à graines. Les modèles sélectionnés ont été modifiés de manière à pouvoir représenter les systèmes de production suisses et à utiliser des données issues d’exploitations agricoles.

Modèle pour prairies naturelles et temporaires

Le modèle pour les surfaces herbagères est basé sur neuf paramètres d’entrée. Pour cinq paramètres, des valeurs standard ont été dérivées de la littérature. Trois autres paramètres peuvent être estimés à l’aide de données des exploitations sur l’intensité d’utilisation (rendement herbager, niveau de fertilisation et teneur en azote des légumineuses à la récolte). Le dernier paramètre, la part des légumineuses dans le rendement total de la récolte, a une grande influence sur l’estimation de la quantité d’azote fixée, mais n’est pas disponible dans les données des exploitations. En guise de compromis entre la précision et le travail nécessaire pour estimer la proportion de trèfles, nous proposons de diviser visuellement les surfaces herbagères en six classes avec différentes proportions de légumineuses.

Modèle pour les légumineuses à graines

Le modèle pour les légumineuses à graines nécessite six paramètres d’entrée. Pour quatre d’entre eux, des valeurs standard spécifiques à la culture ont été définies sur la base de données issues de la littérature. Un paramètre important est l’indice de récolte relatif à l’azote (part de la quantité d’azote dans les graines par rapport à la quantité d’azote dans l’ensemble de la plante). Il pourrait être dérivé à l’avenir des examens variétaux suisses et permettrait ainsi d’estimer la fixation de l’azote de manière spécifique aux variétés. Le dernier paramètre, le rendement de la récolte déterminé par l’agriculteur, permet d’estimer la quantité d’azote absorbée par les plantes.

Cette nouvelle méthode permet une évaluation plus précise de la fixation symbiotique de l’azote au niveau de l’exploitation lors du calcul du bilan entrée/sortie. Elle se base en grande partie sur des données déjà existantes; il faut en outre relever la part de légumineuses sur les différentes parcelles de surface herbagère.

Conclusions

  • La fixation symbiotique de l’azote peut être estimée au niveau de l’exploitation à l’aide de deux modèles, l’un pour les prairies naturelles et temporaires (et les cultures intermédiaires avec des mélanges de trèfles) et l’autre pour les légumineuses à graines.
  • Sur la base d’une détermination fiable du rendement de la récolte et de la proportion de légumineuses dans les mélanges de trèfles et de graminées, les exploitations agricoles peuvent obtenir une estimation approximative de la fixation de l’azote. La teneur en azote des légumineuses à la récolte et l’indice de récolte relatif à l’azote des légumineuses à graines constituent également des facteurs d’influence importants.
  • La méthode d’estimation permet aux exploitants de prendre en compte plus précisément la fixation de l’azote dans leur gestion des éléments nutritifs.
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