Prolonger la durée d’utilisation des vaches laitières: qui a son mot à dire?

Quels sont les acteurs de l’industrie laitière qui ont une influence sur la durée d’utilisation des vaches laitières? Les résultats de la recherche conjointe du FiBL et d’Agroscope suggèrent qu’une large collaboration est nécessaire pour créer des structures permettant d’allonger la durée d’utilisation.

La durée d’utilisation des vaches laitières se mesure en nombre de lactations ou en jours de production laitière. Elle se termine généralement par l’abattage des animaux ou – beaucoup plus rarement – par la conversion en vaches allaitantes. La durée d’utilisation est un indicateur de l’efficience de la production laitière en termes d’impact sur le climat et de rentabilité. Il faut savoir que pendant la phase d’élevage des génisses, aucun revenu n’est généré, alors que des émissions sont produites.

La décision des agriculteurs d’éliminer une vache laitière est influencée par certaines conditions-cadre

Des travaux scientifiques ont montré que l’optimum économique et écologique de la durée d’utilisation des vaches laitières est plus élevé que la durée d’utilisation actuellement appliquée en Suisse et ailleurs. Ce sont les agriculteurs et les agricultrices qui décident en fin de compte si et quand une vache doit être abattue. Ils n’agissent toutefois pas de manière indépendante. Leurs décisions sont influencées par des conditions-cadre structurelles et celles-ci sont définies par différents acteurs de l’industrie laitière.

Divers groupes d’acteurs déterminent les conditions-cadre de l’industrie laitière

Des entretiens avec 29 acteurs de l’industrie laitière ont permis d’analyser quels groupes d’acteurs pourraient potentiellement activer certaines ressources clés pour agir sur l’allongement de la durée d’utilisation des vaches laitières. Les personnes interviewées étaient des représentants issus des associations d’agriculteurs et d’éleveurs, de la médecine vétérinaire, du commerce de détail, de l’économie agricole, d’organisations non gouvernementales, d’offices fédéraux et de la vulgarisation agricole. Outre les possibilités d’influence de ces groupes d’acteurs, les conditions macroéconomiques et le comportement des agriculteurs et agricultrices ont également été mentionnés.

Ensemble, les acteurs ont une grande influence sur la durée d’utilisation

Bien que tous les groupes d’acteurs aient des possibilités plus ou moins importantes d’influencer la durée d’utilisation, ils ont l’impression de n’avoir aucune influence en tant qu’individus isolés. Seul un regroupement des agriculteurs exigeant collectivement de meilleures conditions-cadre pour une durée d’utilisation plus longue pourrait changer la donne. Ainsi, le règlement sur l’utilisation des antibiotiques et les réglementations ou les réductions de prix liées au nombre de cellules dans le lait ont tendance à aller à l’encontre d’une utilisation prolongée des vaches laitières. Il en va de même pour les prix élevés de la viande, les frais supplémentaires dus à une consultation vétérinaire sur la santé du troupeau et l’accent mis sur le progrès zootechnique par les agriculteurs et les fédérations d’élevage. Cependant, étant donné que l’avantage financier d’un allongement de la durée d’utilisation pour les exploitations n’apparaît qu’après une analyse complexe des coûts, une telle option est peu probable. Actuellement, on ne peut donc s’attendre à une augmentation rapide de la durée d’utilisation des vaches laitières que si tous les acteurs concernés intensifient simultanément leurs efforts. Une telle collaboration, avec une utilisation et une mise en commun des ressources disponibles, rendrait un prolongement de la durée d’utilisation des vaches laitières en Suisse nettement plus vraisemblable.