La population considère le bien-être animal comme l’un des plus importants objectifs de la politique agricole

Lors d’un sondage en ligne, les chercheuses et chercheurs d’Agroscope ont analysé les opinions de la population suisse face aux objectifs de la politique agricole dans les trois régions linguistiques. Les résultats de ce sondage doivent aider à mieux concevoir la politique agricole.

La politique agricole répond à un grand nombre d’objectifs différents. En font partie par exemple une production agricole durable et orientée vers le marché, la sécurité de l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires, la garantie d’une rémunération adéquate pour les prestations fournies par l’agriculture et la garantie du bien-être des animaux. Toutefois, les objectifs de politique agricole sont souvent en conflit avec d’autres objectifs. Dans de telles situations, il convient donc d’évaluer avec précision à quel objectif accorder plus de poids. La population joue un rôle important dans le choix des objectifs prioritaires. Elle est composée à la fois de consommateurs et d’électeurs, qui peuvent voter et exprimer leur opinion. La présente étude a examiné, à l’aide de l’exemple concret du bien-être animal, quel poids la population accorde aux différents objectifs et quels sont les moteurs de ces choix. Ces conclusions sont importantes pour l’élaboration de la politique agricole.

Le bien-être animal, un objectif de la politique agricole

Dans le cadre d’un sondage représentatif (N=1542, dans les trois régions linguistiques, en octobre 2022), les participants devaient citer spontanément les trois objectifs de politique agricole qu’ils considéraient comme les plus importants. Il ressort de la figure 1 que le bien-être des animaux a été le plus souvent cité. La durabilité, la protection de l’environnement, la production bio, la production/l’origine locale des produits agricoles, la biodiversité, la sécurité de l’approvisionnement et l’utilisation de produits phytosanitaires ont également été considérés comme importants. Pour certains participants, il a été difficile de citer des objectifs concrets de politique agricole, ils n’ont donc pas répondu.

Pondération du bien-être animal dans les conflits d’objectifs de la politique agricole

Les participants devaient ensuite classer l’importance du bien-être animal en tant qu’objectif de la politique agricole lorsque celui-ci était en conflit direct avec un autre objectif. Les trois conflits d’objectifs concrets sont représentés dans la figure 2. Environ la moitié des participants ont exprimé une préférence forte ou faible pour le bien-être animal, indépendamment du fait que le bien-être animal soit en conflit avec le revenu agricole (47,5 %), les prix à la consommation (50,9 %) ou la production nationale (53,2 %). Environ 22 % des personnes interrogées ont préféré l’objectif concurrent, le reste était indécis.

Facteurs déterminants pour la préférence pour le bien-être animal

Au moyen d’analyses de régression, nous avons ensuite examiné quels facteurs ont déterminé la préférence pour le bien-être des animaux. Nous avons trouvé des scénarios similaires pour les trois conflits d’objectifs. Les femmes ont tendance à accorder plus d’importance au bien-être des animaux qu’à l’objectif en conflit. Cette préférence dépend en outre de la manière dont les agriculteurs et agricultrices sont perçus. Les personnes ayant une image très positive ont accordé moins d’importance au bien-être des animaux et étaient en faveur de l’objectif concurrent. Il est possible que ces personnes partent du principe que les agricultrices et agriculteurs prennent de toute façon bien soin de leurs animaux et garantissent leur bien-être, de sorte qu’il n’est pas nécessaire d’agir au niveau de la politique agricole. En outre, nous constatons que les grands consommateurs viande considèrent plutôt l’objectif en conflit avec le bien-être animal comme plus important.