Agroscope, FiBL, Université de Berne

Les micro-organismes efficaces peuvent-ils stimuler la décomposition des engrais verts?

Les micro-organismes efficaces (efficient microorganisms EM) sont souvent utilisés lors de l’enfouissement des engrais verts, mais ils n’ont guère fait l’objet d’études scientifiques jusqu’à présent. Dans cette étude, la décomposition d’engrais verts avec des EM a été reproduite dans les conditions de laboratoire.

Pourquoi utiliser des EM avec des engrais verts?

Un couvert végétal vert est idéal pour éviter l’érosion et les pertes d’éléments nutritifs. C’est pourquoi, du point de vue de la protection des sols, les engrais verts hivernants sont la meilleure option pour faire la transition entre deux cultures principales. Toutefois, au printemps, incorporer la culture intermédiaire verte dans le sol peut relever du défi, car le risque de repousses spontanées est alors relativement élevé. Cette problématique concerne en particulier les exploitations bio qui travaillent sans labour. Dans de tels systèmes, les engrais verts ne sont souvent enfouis que superficiellement dans le sol afin de stimuler les organismes qui y vivent grâce aux résidus végétaux rapidement dégradables (compostage de surface). Au printemps, les conditions environnementales varient toutefois considérablement d’une année à l’autre; le froid et l’humidité peuvent notamment freiner la décomposition de la biomasse végétale. La biomasse végétale visqueuse qui n’a pas fini sa décomposition peut ainsi rendre la préparation du lit de semences nettement plus difficile. L’utilisation d’EM vise à accélérer le processus de décomposition de la biomasse végétale incorporée dans le sol tout en stimulant les organismes qui y vivent et la formation d’humus.

Effets des EM sur les paramètres du sol

Un essai en laboratoire a permis d’étudier en détail les effets de l’apport d’EM pour stimuler le compostage de surface. Début mai, nous avons apporté au laboratoire une partie de la couche supérieure du sol et du matériel végétal d’une parcelle semée d’un mélange de seigle et vesce et nous avons reproduit le processus de décomposition dans des conditions contrôlées à 12 °C.

Les procédés avec et sans EM ont libéré la même quantité de carbone, ce qui indique une activité microbienne identique dans les deux procédés. La solubilité des éléments nutritifs et des oligo-éléments dans le sol n’en a pas été affectée. De même, l’apport d’EM n’a pas eu d’effet sur la biomasse microbienne. Des analyses génétiques du microbiome du sol ont en outre montré que les procédés avec et sans EM ne se distinguaient pas les uns des autres en ce qui concerne leur composition microbiologique. Les bactéries lactiques sont le seul composant EM qui a pu être détecté dans le sol sept jours après l’apport. Toutefois, cet effet était négligeable en cas d’une application normale (120 l par ha) et n’a pu être mesuré qu’en cas d’application équivalente à 100 fois la dose normale. Dans le cadre de l’étude, aucun signe n’a été observé indiquant qu’un apport d’EM permettrait de stimuler la décomposition des engrais verts.

Conclusions

  • L’apport d’EM n’a pas montré d’effets cohérents sur l’activité microbienne du sol.
  • L’étude n’a pas permis de mettre en évidence des différences entre les procédés en ce qui concerne la solubilité des éléments nutritifs ou des oligo-éléments.
  • Il n’y avait que de très faibles différences dans la composition microbienne entre les procédés.
  • Les bactéries lactiques, qui constituent le principal composant des EM, ont certes pu être détectées dans le sol, mais uniquement lors de l’application d’une quantité élevée d’EM.
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