Agroscope, Euphresco

Sélectionner à temps les antagonistes des ravageurs invasifs

Le contrôle biologique préventif consiste à évaluer les avantages et les risques des antagonistes naturels avant même l’arrivée d’un ravageur invasif. Ainsi, en cas d’urgence, les antagonistes peuvent être rapidement autorisés et utilisés.

Les espèces envahissantes causent d’immenses dégâts à l’agriculture et à l’environnement. La dissémination d’antagonistes naturels issus de la région d’origine d’un ravageur peut constituer une stratégie de lutte durable.

En règle générale, les études des bases biologiques, la clarification des risques éventuels et enfin l’autorisation des autorités nécessitent plusieurs années avant une utilisation. Si de tels programmes ne sont lancés qu’au moment de l’apparition du ravageur, un temps important est perdu, pendant lequel les dommages s’accumulent. C’est pourquoi il est judicieux de faire des prévisions sur les ravageurs invasifs qui pourraient devenir importants à l’avenir et sur la manière de les combattre.

Lignes directrices pour l’évaluation des antagonistes potentiels

Un consortium international auquel participe Agroscope a élaboré des lignes directrices permettant d’évaluer si un ravageur et ses antagonistes naturels se prêtent à un contrôle biologique préventif. D’un côté, la pertinence et la probabilité d’occurrence du ravageur sont examinées. D’autre part, on détermine s’il existe des antagonistes suffisamment efficaces. Les considérations clés à cet égard sont:

  • l’adéquation climatique des organismes pour la zone cible,
  • leur potentiel de reproduction et de propagation ainsi que
  • la synchronisation avec le ravageur cible.

Les modélisations climatiques peuvent être particulièrement utiles à cet égard.

Clarifier les risques pour les espèces indigènes

Pour garantir la biosécurité, il faut en outre disposer de suffisamment d’informations sur la spécificité de l’antagoniste naturel, ainsi que sur les espèces indigènes qui pourraient être menacées par l’antagoniste en tant que proies, concurrents ou partenaires d’hybridation. Les questions en suspens concernant la sécurité peuvent être résolues par des tests biologiques dans le pays d’origine ou dans le pays de destination, dans des conditions de quarantaine.

Critère de l’adéquation pratique

Enfin, il convient d’identifier les obstacles pratiques. Il peut s’agir de possibilités limitées d’obtention et d’élevage de l’antagoniste ainsi que d’organismes potentiels non ciblés pour les essais de sécurité biologique. Il est également important de disposer de locaux adaptés à la manipulation d’organismes exotiques et de connaître les conditions réglementaires relatives à l’importation, à l’élevage et à la dissémination d’antagonistes exotiques.

Études de cas

Les lignes directrices développées ont ensuite été utilisées pour évaluer différents cas dans le contexte européen. Ainsi, les antagonistes du psylle de la pomme de terre et de l’agrile du frêne (photo) ont été jugés appropriés. Dans les deux cas, il reste cependant à régler définitivement certaines questions de sécurité biologique et de capacité d’établissement.

En revanche, un antagoniste de l’agrile du châtaignier a été jugé inapproprié. D’une part, son élevage est très difficile et, d’autre part, il n’existe actuellement aucune possibilité d’obtenir suffisamment d’individus pour étudier la sécurité biologique ou la dissémination.

Conclusions

  • Les espèces envahissantes causent d’immenses dégâts à l’agriculture et à l’environnement.
  • Le contrôle biologique préventif consiste à étudier les antagonistes naturels potentiels avant l’arrivée d’une espèce invasive.
  • Un ensemble de considérations clés permet d’identifier les points sensibles potentiels et de séparer les ravageurs et les antagonistes cibles appropriés de ceux qui ne le sont pas.
  • Les questions pertinentes à cet égard sont la biologie, l’efficacité, la sécurité biologique et les considérations pratiques.
  • Ainsi, en cas d’urgence, il est possible de gagner du temps lors de l’autorisation et de l’introduction d’antagonistes naturels.
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