Contribution de l’agroforesterie à une politique agricole durable en Suisse

La future politique agricole vise à développer des systèmes de production innovants et durables. L’agroforesterie a été prise comme exemple pour tester une méthode d’évaluation confrontant une enquête auprès d’experts aux données de la littérature. Les résultats montrent que l’agroforesterie peut contribuer à la transition vers une agriculture plus durable.

La future politique agricole vise à développer des systèmes de production innovants et durables. L’agroforesterie a été prise comme exemple pour tester une méthode d’évaluation confrontant une enquête auprès d’experts aux données de la littérature. Les résultats montrent que l’agroforesterie peut contribuer à la transition vers une agriculture plus durable.

L’objectif de la future politique agricole et alimentaire de la Confédération est de «Garantir, grâce au développement durable, la sécurité alimentaire, de la production à la consommation». L’agroécologie représente à cet égard un élément prometteur. Elle vise en effet à rendre l’agriculture et les systèmes alimentaires durables non seulement sur le plan écologique, mais aussi économique et social.

Les systèmes agroforestiers sont un exemple pratique d’agroécologie. Ils intègrent des arbres et des arbustes dans les surfaces agricoles utiles. Ils stockent ainsi du carbone, améliorent le régime hydrique et la qualité des sols et favorisent la biodiversité. Les systèmes traditionnels, tels que les prairies plantées de vergers haute-tige ou les selves de châtaigniers, côtoient aujourd’hui des systèmes modernes associant sur une même parcelle des ligneux et des grandes cultures, des cultures maraîchères, des vignes ou de l’élevage.

Mais les systèmes agroforestiers peuvent-ils répondre aux multiples exigences de la stratégie agricole du Conseil fédéral? Et comment évaluer de manière efficiente et fiable ces systèmes innovants? Pour répondre à ces questions, nous avons demandé à 15 spécialistes d’Agroscope d’évaluer le modèle «agroforesterie» et avons confronté leurs résultats aux données de la littérature.

Un approvisionnement alimentaire résilient et une production respectueuse de l’environnement

Une matrice d’évaluation fondée sur les 14 objectifs partiels de la future politique agricole (voir figure) a servi de base d’analyse. Les spécialistes d’Agroscope sont parvenus à la conclusion que l’agroforesterie peut jouer un rôle important, notamment dans la production agricole (lignes stratégiques «Garantir la résilience de l’approvisionnement en denrées alimentaires» et «Encourager une production de denrées alimentaires respectueuse de l’environnement»). L’objectif partiel 6 «Promouvoir la biodiversité» est celui qui a obtenu le meilleur résultat, devant l’objectif partiel 1 «Préserver les bases de production» et l’objectif partiel 2 «Anticiper les effets du changement climatique». Les personnes interrogées ont par contre estimé que les systèmes agroforestiers ont une influence moindre sur la consommation et la création de valeur.

Une comparaison des résultats de l’enquête avec les données de la littérature a montré une grande convergence. Cela démontre que l’enquête menée auprès d’experts de disciplines diverses permet une évaluation efficace et largement étayée des mesures de la politique agricole.

Grande pertinence pour la mise en œuvre

Ainsi, les avis des experts et la littérature scientifique se rejoignent: les systèmes agroforestiers se présentent comme des systèmes de production innovants, durables et globaux dans l’esprit de la future politique agricole et alimentaire suisse et représentent un exemple convaincant d’agroécologie appliquée.