Potentiel d’économie d’azote grâce à l’utilisation des nomes de fertilisation corrigées
Photo: 123rf.com
Les normes corrigées permettent de déterminer les besoins en engrais azoté en fonction des conditions du site. Cette méthode a été appliquée et évaluée dans le cadre du projet AgroCO2ncept dans le Weinland zurichois. Elle a révélé d’importants potentiels d’économie d’azote.
La fertilisation azotée (N), à l’origine d’environ 18 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’agriculture, constitue la deuxième source agricole de GES après la fermentation entérique des animaux de rente (Rapport agricole 2023). Il est possible de réduire ces émissions en évitant les excédents d’azote, par exemple en déterminant les besoins en engrais selon la méthode des normes corrigées. Cette méthode adapte la norme de fertilisation de l’azote à l’aide de facteurs de correction (fig. 1) aux caractéristiques locales du sol, du climat et de la culture qui sont spécifiques à la parcelle, afin d’ajuster la quantité d’engrais aux besoins des plantes et d’éviter ainsi les excédents d’azote (PRIF 2017). Des essais scientifiques sur de petites parcelles en Suisse ont déjà démontré que les normes corrigées permettaient de réduire la fertilisation azotée tout en conservant les mêmes rendements.
![](https://www.agrarforschungschweiz.ch/wp-content/uploads/2024/12/Abb_1_Graphik-Aufbau-korrNorm_FR_tael_pfr-1116x385.jpg)
Dans le cadre du projet AgroCO2ncept (2016–2021), les normes corrigées ont été calculées a posteriori pour onze exploitations du Weinland zurichois sur une période de quatre ans (2018−2021), puis comparées à la norme de fertilisation azotée et aux pratiques de fertilisation habituelles de ces exploitations. Cette méthode a permis de déterminer quelles économies d’azote pourraient être réalisées grâce à l’utilisation des normes corrigées et quelles économies de GES en résulteraient pour les exploitations.
Le potentiel d’économie d’azote existe, mais pas dans tous les cas
Comparées à la norme de fertilisation azotée, les normes corrigées ont permis d’économiser en moyenne environ -14 kg d’azote par hectare dans les onze exploitations étudiées (fig. 2). Cependant, en raison du manque de données sur les analyses de sol et les calendriers des cultures, certains facteurs de correction n’ont pas pu être calculés pour certaines parcelles ou années, ce qui a probablement conduit à une sous-estimation des économies potentielles d’azote par rapport à la norme de fertilisation azotée.
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![](https://www.agrarforschungschweiz.ch/wp-content/uploads/2024/12/Abb_3_realisiert_Betriebe_barplot_kgNha-1_FR-1-1116x558.jpg)
Comparées aux pratiques de fertilisation effectivement appliquées dans les exploitations, la fertilisation recommandée selon les normes corrigées a parfois conduit, pour certaines exploitations et certaines années, à une augmentation de la quantité d’engrais azoté recommandée allant de +1,4 à +56,7 kg d’azote par hectare (fig. 3). D’autres années, les économies potentielles d’azote variaient entre -7,6 et -75,1 kg d’azote par hectare, ce qui pourrait permettre des réductions de GES comprises entre -2,5 t et -28,1 t d’éq. CO2 par exploitation et par an à condition d’une suppression des engrais minéraux.
Importance des mesures de protection climatique spécifiques à chaque exploitation
L’application des normes corrigées dans les exploitations du projet AgroCO2ncept a mis en évidence des potentiels d’économie d’azote et pourrait ainsi contribuer à la réduction des émissions de GES dans l’agriculture. Cependant, ces potentiels varient fortement d’une exploitation à l’autre et d’une année à l’autre et, dans certains cas, les normes corrigées pourraient également indiquer un besoin accru en engrais. D’où l’importance des mesures de protection climatique spécifiques à chaque exploitation.
Il est néanmoins important de préciser que ces résultats reposent sur une évaluation théorique sans mise en œuvre des recommandations de fertilisation azotée selon les normes corrigées ni vérification des rendements escomptés. Par conséquent, les effets sur le rendement et la fertilité du sol à long terme n’ont pas pu être vérifiés. A l’avenir, une évaluation des normes corrigées dans d’autres contextes agricoles, comme dans des systèmes à forte densité animale ou des systèmes axés sur les herbages, pourrait fournir des informations supplémentaires sur leur applicabilité et leur efficacité.
Conclusions
- L’application des normes corrigées révèle un potentiel d’économie d’engrais azoté, mais elle pourrait aussi, sur la base des pratiques actuelles de fertilisation, révéler un besoin accru en engrais dans certaines exploitations.
- Les exploitations présentant un potentiel d’économie d’azote pourraient réduire leurs émissions de GES en renonçant aux engrais minéraux.
- La variabilité des potentiels d’économie d’azote en fonction du contexte souligne l’importance des mesures de protection du climat spécifiques à l’exploitation.
Référence bibliographique
Économies d’engrais azotés grâce à la méthode des normes corrigées: expériences tirées du projet AgroCO₂ncept.