Effet de bandes fleuries sur les prédateurs des pucerons dans la betterave sucrière
Photos: Angela Studer,
Agroscope
Les bandes fleuries annuelles semées à l’automne ou pérennes favorisent les prédateurs des pucerons vecteurs de la jaunisse virale, une maladie sévère de la betterave sucrière, avec des effets modulés par la composition florale et les éléments paysagers environnants.
La lutte biologique consiste à renforcer les populations des prédateurs des espèces nuisibles afin de réduire l’emploi de pesticides. Dans cette optique, l’utilité des bandes fleuries (BF) a été démontrée dans différents contextes. Dans les cultures de betteraves sucrières, les recherches à ce sujet restent toutefois limitées malgré le défi important posé par le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) et le puceron noir de la fève (Aphis fabae), principaux vecteurs de plusieurs virus responsables de la jaunisse virale en début de saison.
Agroscope a donc mené une étude visant d’une part à identifier le ou les types de BF optimaux pour favoriser les prédateurs des pucerons au début du printemps, d’autre part à suivre l’abondance et la composition de ces derniers dans les différents types de BF et enfin à analyser les éléments paysagers qui influencent leur présence.
Pour ce faire, trois mélanges de semences différents pour BF ont été semés chacun sur dix champs de betteraves sucrières gérés sans insecticide. Ils ont été comparés à des bandes de betteraves sucrières gérées avec ou sans insecticide, ces deux procédés servant de témoins.
Les bandes fleuries bien implantées sont plus favorables aux prédateurs
Bon nombre de prédateurs sont dépendants de la présence de fleurs pour maintenir leurs populations. En particulier dans le système de betterave sucrière, les fleurs de début de saison sont cruciales pour assurer la présence de prédateurs suffisamment tôt. Celles-ci étaient abondantes dans les BF pérennes et annuelles semées en automne, mais absentes dans les BF annuelles semées au printemps. Les prédateurs des pucerons étaient également plus abondants dans ces types de BF que dans les BF annuelles semées au printemps et les témoins, ce qui montre le lien entre la disponibilité des fleurs et la présence de prédateurs.
Des communautés de syrphes différentes
La composition globale des prédateurs ne différait pas de manière significative entre les BF semées en automne et les BF pérennes. En revanche, les communautés de syrphes différaient, probablement en lien avec les espèces végétales distinctes offertes par les types de bandes fleuries.
Une réponse contrastée des prédateurs aux éléments paysagers
Les éléments forestiers et floraux n’ont eu aucun effet sur l’abondance globale des prédateurs des pucerons. En revanche, lorsqu’on examine plus précisément certains groupes de prédateurs, on observe que les guêpes parasitoïdes de la famille des Braconidae étaient positivement liés à la couverture forestière dans un rayon de 500 m, tandis que les syrphes présentaient une association négative avec la forêt à l’échelle de 2000 m.
Conclusions
- Un facteur clé pour l’impact en début de saison a été la mise en place de BF au cours de la saison précédant la culture de la betterave sucrière.
- Les types de BF les plus efficaces ont favorisé un nombre total similaire de prédateurs des pucerons mais ont attiré des communautés différentes de syrphes, ce qui suggère que chaque type pourrait contribuer à sa manière à la lutte naturelle contre les ravageurs.
- Au-delà du type de BF, les zones boisées proches des champs, au sein de paysages autrement ouverts, sont importantes pour le soutien des insectes utiles.
Référence bibliographique
Enhancing natural enemies in sugar beet fields: The impact of flower strip types and landscape elements.



