De la publicité à la biodiversité : analyse de la promotion des produits d’origine animale
Photo: 123rf.com
Le soutien de l’État pour la vente de produits d’origine animale tend à accroitre la demande en aliments nécessitant beaucoup de ressources. L’impact sur l’environnement peut s’en trouver augmenté, y compris les effets négatifs sur la biodiversité.
En 2024, dans le cadre du plan d’action « Stratégie Biodiversité Suisse », la Confédération a analysé les effets de certaines subventions sur la biodiversité dans le but d’élaborer des propositions de réforme. Parmi les instruments analysés figurait la promotion des ventes de la Confédération pour le lait, les produits laitiers, le fromage, la viande et les œufs, qui reçoit chaque année 35 à 38 millions de CHF sur le total des 65 millions de CHF de subventions publiques allouées à la promotion des ventes de produits agricoles.
Dans ce contexte, l’Office fédéral de l’agriculture a chargé la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires de la Haute école spécialisée bernoise et Ecoplan d’analyser les effets potentiels de la promotion des ventes sur la biodiversité. Il s’agissait d’examiner dans quelle mesure la promotion des ventes peut influencer le comportement de consommation et quelles en sont les conséquences pour la biodiversité.
Impact de la publicité : non quantifiable, mais existant
L’étude montre que la publicité générique, un élément majeur de la promotion des ventes par la Confédération, a une influence sur le comportement d’achat et de consommation, cependant difficilement quantifiable. Certains signes indiquent que la publicité provoque une augmentation des quantités de produits d’origine animale consommés et un déplacement des préférences en faveur des produits suisses. Comme il n’a pas été possible de quantifier les effets exacts de la promotion des ventes sur le comportement d’achat et de consommation, deux scénarios ont été définis d’après une analyse de la littérature et des interviews d’expert-e-s :
- Si la promotion des ventes est supprimée, la consommation de produits d’origine animale diminue de 2 %.
- Si la promotion des ventes est supprimée, 5 % des produits suisses sont remplacés par des produits importés.
Les deux scénarios ont été représentés séparément pour mieux en illustrer les possibles conséquences. En réalité, les effets se chevauchent et une distinction claire n’est pas possible. Afin de décrire les possibles répercussions sur la biodiversité, nous avons calculé comment chaque scénario influence l’évolution des émissions d’ammoniac et l’utilisation des surfaces en Suisse.
Production animale et biodiversité
La promotion des produits d’origine animale tend à avoir des répercussions négatives sur la biodiversité. En effet, la production de viande et de lait nécessite beaucoup de ressources et ont un impact environnemental élevé. Les émissions d’ammoniac et l’utilisation intensive des surfaces ont notamment des conséquences négatives directes sur la biodiversité. Dans les scénarios 1 et 2, les émissions d’ammoniac diminuent respectivement de 1,60 % et 4,75 % en fonction de la réduction des cheptels, pondérée selon leurs émissions. Ces deux scénarios simulant la suppression de la promotion des ventes montrent qu’une réduction de la consommation de produits d’origine animale pourrait avoir des effets positifs sur la biodiversité en Suisse. Il est toutefois impossible de quantifier ou de prédire cet impact sur la biodiversité au niveau local ou régional à partir de données nationales.
Selon le scénario 1, la suppression de la promotion des ventes, par son influence sur la consommation, aurait un effet positif sur la biodiversité en Suisse. Considérant l’effet sur les importations du scénario 2, les répercussions positives en Suisse pourraient être contrebalancées par les effets négatifs à l’étranger. Par conséquent, le bilan net ne peut pas être établi avec précision.
Conclusions
- L’actuelle promotion des produits d’origine animale tend à avoir des répercussions négatives sur la biodiversité, dont l’ampleur est cependant difficile à quantifier.
- Afin de promouvoir la biodiversité, l’étude recommande de réorienter la promotion des ventes en faveur de systèmes plus respectueux de l’environnement.
- Il pourrait s’agir d’une promotion plus spécifique de produits qui nécessitent moins de ressources et ont un impact plus faible sur l’environnement.
- Cette nouvelle orientation devrait s’accompagner d’un renforcement des relations publiques et de la sensibilisation des consommateurs/-trices sur les conséquences écologiques de leur comportement de consommation, des mesures importantes pour la promotion de modèles de consommation durables.
Référence bibliographique
Evaluation agrarpolitischer Massnahmen bezüglich Biodiversitätswirkung: Absatzförderung.



