Les systèmes agroforestiers suisses répondent aux attentes de l’agriculture et contribuent à la protection du climat
Photo Gabriela Brändle,
Agroscope
Des scientifiques ont mesuré la croissance des arbres de quatre systèmes agroforestiers sur une période de dix ans et ont calculé la quantité de carbone ainsi séquestrée. Ces données permettent de mieux comprendre les systèmes agroforestiers, de planifier leur mise en place et d’évaluer leur effet sur la protection du climat.
L’agroforesterie, qui associe sur une même parcelle des arbres à des grandes cultures et / ou à de l’élevage, présente un grand potentiel en termes de protection du climat. Cependant, on ne dispose encore que de peu d’information sur les performances réelles de ces systèmes dans nos régions tempérées et sur leur acceptation à long terme par les agricultrices et agriculteurs suisses.
Pommiers, griottiers, peupliers et merisiers
C’est pourquoi un suivi de quatre systèmes agroforestiers a été mis en place sur dix ans. Les scientifiques ont mesuré la croissance des arbres et calculé, sur cette base, la quantité de carbone séquestrée dans la biomasse. Les agricultrices et agriculteurs participant au projet ont été régulièrement consultés sur les performances de leurs systèmes agroforestiers.
La croissance des arbres variait fortement selon l’essence et le site
Les différences de croissance entre les plus petits et les plus grands arbres variaient de 44 % à 97 %. Par conséquent, le potentiel de séquestration du CO₂ variait également de 0,4 à 2,5 tonnes d’équivalents CO₂ par hectare et par an. Ces variations sont dues à la vitesse de croissance propre à chaque essence et à l’adéquation au site. Ces différences de croissance ont pu être directement restituées au moyen des modèles de calcul de l’outil Agroforst-YieldSAFE pour les pommiers et les merisiers. Après avoir calibré le modèle en tenant compte des conditions locales, les résultats se sont également avérés exacts pour les peupliers et les griottiers. Le modèle peut donc être utilisé pour planifier efficacement les systèmes agroforestiers et évaluer leur impact.
Ne pas sous-estimer la mortalité des arbres
La mortalité des jeunes arbres a atteint 20 % au cours des premières années. Les replantations ont permis de maintenir la performance globale du système. Mais il était également important de recueillir l’avis des agricultrices et agriculteurs sur leur travail dans les systèmes agroforestiers.
Des attentes réalistes pour éviter les déceptions
Les avis des agricultrices et agriculteurs sur les performances de ces systèmes agroforestiers dépendaient fortement de leur motivation et n’ont guère évolué au fil du temps. Les exploitations qui ont mis en place des systèmes agroforestiers pour lutter contre l’érosion, par exemple, ont observé des effets positifs sur la protection des sols. Celles qui ont davantage misé sur la biodiversité ont obtenu les meilleurs résultats dans ce domaine. Cela montre que leurs attentes étaient réalistes. L’étude souligne l’importance des données à long terme pour ajuster les modèles et démontre que des modèles réalistes et une communication claire permettent d’éviter les déceptions et favorisent la mise en place de systèmes agroforestiers durables.

Conclusion
- La croissance des arbres et leur potentiel de séquestration du CO₂ différaient dans les quatre systèmes agroforestiers. Leur potentiel de séquestration se situait entre 0,4 et 2,5 tonnes d’équivalents CO₂ par hectare et par an.
- Des modèles de calcul prenant en compte les essences et les conditions locales peuvent faciliter la planification et la mise en place des systèmes agroforestiers.
- Les quatre exploitations observées ont mis en place des systèmes très différents pour atteindre leurs objectifs respectifs. Leur planification était réaliste et elles se montrent très satisfaites des résultats obtenus jusqu’à présent.
Référence bibliographique
Temperate agroforestry for tree carbon storage in Switzerland: 10 years of biophysical and social monitoring.