Du fromage, mais pas seulement: les alpages ont tant à offrir
Photo: Gabriela Brändle,
Agroscope
Les alpages sont une source de fourrage, stockent le CO2, nourrissent les pollinisateurs, abritent d’innombrables plantes et nous enchantent par leur beauté. Des bienfaits qui dépendent cependant du site et du climat, mais aussi des vaches.
Les alpages offrent une multitude de services aux personnes et à l’environnement. Des chercheuses et chercheurs d’Agroscope et de l’Université de Fribourg-en-Brisgau se sont intéressés aux pâturages d’alpage et ont étudié la quantité et la qualité de leur fourrage, leur capacité de stockage du carbone, les ressources alimentaires qu’ils offrent aux pollinisateurs, leur aspect esthétique et leur biodiversité. L’objectif de cette étude était de déterminer l’influence sur ces services du climat, des conditions du site et de l’exploitation. Car, contrairement aux vallées, les conditions en montagne changent souvent considérablement en l’espace de quelques mètres. Ainsi, pour profiter au mieux des nombreux services rendus par les alpages, il faut savoir ce qui les favorise.
Les chercheuses et chercheurs ont étudié 66 sites de pâture sur six alpages situés dans le Nord des Préalpes et en Engadine – en terrain plat ou escarpé, proches ou éloignés de l’étable, souvent ou rarement pâturés par les vaches. A cet effet, les animaux ont été équipés d’enregistreurs GPS.
La diversité, une caractéristique unique des alpages
Première constatation: les alpages présentent une énorme diversité. Non seulement les conditions d’un site changent presque à chaque pas, mais les services écosystémiques peuvent aussi être radicalement différents entre deux surfaces proches. Autre fait particulièrement impressionnant: les différences au sein d’un même alpage sont généralement plus grandes que les différences entre les alpages.
Il en ressort que les services écosystémiques mesurés s’inscrivent dans un réseau complexe de climat, de site et d’exploitation: les pâturages qui fournissent une quantité et une qualité de fourrage élevées présentent le plus souvent une diversité végétale et un attrait esthétique plus faibles. À l’inverse, les sites où prospèrent de nombreuses espèces offrent généralement un beau spectacle pour les yeux et une nourriture abondante pour les pollinisateurs. Plus un site est chaud et plat, plus la quantité et la qualité du fourrage ainsi que sa capacité de stockage du carbone sont élevées, alors que les sites secs se caractérisent par une grande diversité végétale.
Par leur comportement, les vaches renforcent les caractéristiques des différentes surfaces pâturées
L’exploitation par les animaux et leur déplacement jouent également un rôle: les sites où l’entretien est plus important offrent une plus grande quantité de fourrage. Les données GPS ont montré que les vaches privilégient les sites où la quantité et la qualité du fourrage sont élevées. En restant plus longtemps sur ces sites, les animaux y répandent davantage d’excréments et donc d’éléments nutritifs. Il en résulte une augmentation de la quantité de fourrage, ce qui attire à nouveau les animaux. Quant aux sites que rarement fréquentés par les vaches, ils offrent plus de nourriture aux pollinisateurs et présentent une grande biodiversité.
Dans cette optique, serait-il envisageable de guider les animaux de manière ciblée pour augmenter tel ou tel service écosystémique? L’étude montre qu’influencer de manière mesurable le comportement inné des animaux dans leurs déplacements requiert un important travail pour clôturer les pâturages. Mais cela n’est à vrai dire pas nécessaire, car l’hétérogénéité des pâturages présente aussi un grand avantage: en raison des différences à petite échelle, qui sont encore renforcées par le comportement des animaux, il est possible de faire coexister des services écosystémiques très différentes sur un même alpage.
Conclusion
- Les alpages offrent de nombreux services écosystémiques. Le service rendu sur un site donné dépend avant tout du climat et des conditions du site.
- Tant qu’un pâturage n’est pas surexploité ou sous-exploité, l’intensité de la pâture a peu d’influence sur l’étendue effective d’un service écosystémique.
- Une exploitation adaptée au site, qui tient compte des conditions climatiques et du site données, est essentielle. La surexploitation entraîne une perte de services écosystémiques.
- Une pâture extensive est la condition sine qua non pour préserver les alpages. Si le nombre d’animaux diminue, les pâturages d’alpage s’embroussaillent au détriment de leurs différents services écosystémiques.
- Les alpages présentent une énorme diversité. Leur hétérogénéité permet de faire coexister des services écosystémiques très différents.
Référence bibliographique
Ecosystem services in mountain pastures: A complex network of site conditions, climate and management.