Agroscope, INRAE

Réduction du travail du sol et des herbicides: peut-on limiter les pertes de rendement dues aux adventices?

La gestion intégrée des adventices permet de contrôler efficacement les mauvaises herbes dans le blé, même dans le cas d’un travail du sol réduit et d’une utilisation modérée d’herbicides, et d’éviter ainsi les pertes de rendement.

Le plan d’action Produits phytosanitaires de la Confédération vise à réduire l’utilisation des herbicides. Cet objectif peut être atteint par une gestion intégrée des adventices (IWM, integrated weed management), basée avant tout sur la combinaison de mesures préventives et curatives. Réduire l’utilisation d’herbicides est d’autant plus difficile que le travail du sol est réduit, notamment sans le labour.

Test de cinq stratégies de gestion intégrée contre les adventices

Sur une parcelle d’essai d’Agroscope à Changins, cinq stratégies de gestion intégrée des adventices sont testées, au cours d’une rotation de six ans (2020‑2025), avec différentes intensités de travail du sol et d’utilisation d’herbicides:

  1. labour annuel sans utilisation d’herbicides,
  2. labour annuel avec utilisation réduite d’herbicides,
  3. labour occasionnel (environ une année sur trois) avec une utilisation réduite d’herbicides,
  4. travail superficiel du sol (profondeur maximale: 10 cm) sans utilisation d’herbicides,
  5. semis direct avec une utilisation réduite d’herbicides.

L’objectif est de mesurer les effets de ces stratégies sur la biomasse des adventices (part de la biomasse des adventices par rapport à la biomasse totale des plantes), la densité des adventices, la diversité des espèces d’adventices et le rendement des cultures mises en place.

Les cinq stratégies de gestion intégrée des adventices permettent d’atteindre des rendements comparables

Du blé d’hiver et ses précédents culturaux, du soja et de l’orge, ont été cultivés entre 2020 et 2022. Au cours des trois années d’essai, toutes les stratégies testées ont permis de gérer efficacement les adventices, et des rendements comparables ont été obtenus. L’année 2020 est la seule année une réduction modérée du rendement du blé due aux mauvaises herbes a été constatée.

91 espèces d’adventices ont été identifiées, avec une faible densité d’adventices observée en automne et en hiver. Les espèces dominantes étaient la capselle bourse-à-pasteur (Capsella bursa-pastoris), la matricaire camomille (Matricaria chamomilla), la véronique de Perse (Veronica persica) et les chénopodes (Chenopodium sp.). Aucune différence entre les stratégies testées n’a été relevée en ce qui concerne le ratio de la biomasse des adventices sur la biomasse totale (médiane < 8 %) et le nombre d’espèces d’adventices présentes (médiane < 20). Cependant, la densité d’adventices dans la stratégie 1 (labour sans herbicides) a augmenté en moyenne de cinq plantes par m2 et par an pendant la durée de l’essai.

Moins d’herbicides nécessitent un travail du sol plus intensif et inversement

L’utilisation d’herbicides est représenté par l’indice de fréquence de traitements herbicides (HTFI)  (herbicide treatment frequency index). Il permet de calculer le nombre d’herbicides appliqués par rapport à la quantité d’application autorisée et à la surface traitée. L’indicateur de perturbation du sol (STIR (soil tillage intensity rating) met en évidence l’intensité des méthodes de travail du sol. Plus la valeur STIR est élevée, plus le travail du sol est intensif. Pour les stratégies testées, le HTFI et le STIR évoluent en sens contraire. Autrement dit, si aucun herbicide n’est utilisé, l’intensité du travail du sol augmente au fil du temps. A l’inverse, il faut utiliser davantage d’herbicides lorsqu’il n’y a pas de travail du sol.

Les adventices du blé peuvent être régulées avec succès par différentes combinaisons de leviers agronomiques. Il est important de ne pas appliquer ces leviers de façon rigide, mais d’agir de manière flexible en fonction de la situation, de la nature du sol, des conditions météorologiques, etc.

Conclusions

  • Dans le blé, la gestion intégrée permet de maîtriser efficacement les adventices tout en réduisant la quantité d’herbicides et/ou le travail du sol avec une utilisation modérée de la charrue.
  • Une faible réduction du rendement due aux adventices n’a été observée que lors d’une des trois années d’essai.
  • Dans les stratégies sans herbicides, l’intensité du travail du sol a augmenté avec le temps.
  • Dans la stratégie en semis direct, une augmentation de l’utilisation d’herbicides a été observée au fil des ans.
  • Pour un contrôle efficace des adventices, en plus d’une rotation des cultures variée, différents leviers agronomiques doivent être combinés.
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