Agroscope, Université de Berne

Renforcer l’avenir de la production alimentaire communautaire en Suisse

Les jardins communautaires, les jardins familiaux et l’agriculture contractuelle de proximité sont essentiels pour des systèmes alimentaires durables et résilients. Leur avenir dépend du soutien politique et des réseaux interinstitutionnels.

En Suisse, production alimentaire communautaire (ou communal agricultural prosumption, CAP) comprend plusieurs formes d’agriculture collective tels que les jardins familiaux, les jardins communautaires et l’agriculture contractuelle de proximité (ACP). Ces initiatives visent à produire des aliments destinés à la consommation personnelle, renforce les liens sociaux et les modes de vie respectueux de l’environnement, tout en favorisant la sécurité alimentaire. Cependant, l’avenir de ces réseaux alimentaires est incertain. L’urbanisation croissante, les contraintes institutionnelles et le manque de soutien politique menacent leur existence à long terme.

Une étude qualitative menée par Agroscope et l’Université de Berne a analysé les structures institutionnelles et les défis des jardins familiaux, des jardins communautaires et de l’ACP. Les résultats révèlent des différences marquées qui influencent leur potentiel de continuité. Voici quelques conclusions spécifiques de l’étude:

Des structures institutionnelles distinctes affectent la continuité

Les jardins familiaux sont des structures traditionnelles très réglementées, qui imposent des exigences strictes en termes d’investissement en temps et en travail, ainsi que de connaissances préalables. Les jardins familiaux encouragent l’expression personnelle, mais manquent d’engagement politique et peinent à s’adapter aux défis extérieurs et à recruter des personnes pour assumer des rôles de direction.

Les jardins communautaires, quant à eux, sont des institutions normatives qui mettent l’accent sur le renforcement de la communauté. Ils sont peu coûteux à gérer et accessibles, mais dépendent du soutien du quartier et d’organisations externes (par exemple, des ONG ou des églises).

Les formes d’ACP (agriculture contractuelle de proximité) sont flexibles, démocratiques et organisées de manière professionnelle, avec des objectifs politiques et écologiques forts. Cependant, elles présentent des barrières financières élevées, ce qui exclut les groupes à faibles revenus malgré les efforts déployés pour les attirer.

De nombreux défis politiques affectent la continuité de la production alimentaire communautaire

Les pressions exercées par le développement urbain réduisent la disponibilité des terres, mettant en péril l’avenir des jardins familiaux et communautaires. L’intégration des modèles deproduction alimentaire communautaire dans la planification des espaces verts urbains pourrait garantir un accès durable à ces espaces et favoriser la collaboration avec les institutions publiques. En ce qui concerne l’ACP, les obstacles financiers limitent l’accès des groupes de population défavorisés, ce qui souligne la nécessité de subventions, d’incitations fiscales et d’un soutien municipal pour promouvoir l’équité. Les jardins familiaux, quant à eux, sont pénalisés par des structures de gouvernance rigides qui freinent les possibilités d’adaptation et d’inclusion.

L’adoption de modèles plus flexibles, tant pour l’ACP que pour les jardins communautaires ainsi que la création de réseaux interinstitutionnels pourraient améliorer la collaboration, le partage des connaissances et la promotion de ces modèles.

Conclusions

  • En Suisse, la production alimentaire communautaire englobe des modèles collaboratifs tels que les jardins familiaux, les jardins communautaires et l’agriculture contractuelle de proximité. Tous ces modèles visent à promouvoir la durabilité, le développement communautaire et un mode de vie sain.  
  • Cependant, ces systèmes diffèrent considérablement en termes de structures internes, de conditions d’adhésion, d’objectifs principaux et d’objectifs sociopolitiques. Dans l’ensemble, ils varient en termes d’inclusion et d’engagement.
  • L’agriculture contractuelle de proximité et les jardins communautaires se distinguent par leur capacité à créer des communautés engagées et durables, tandis que les jardins familiaux risquent d’être marginalisés, surtout s’ils ne parviennent pas à communiquer et à exploiter pleinement leur potentiel.
  • Des politiques publiques favorisant l’adaptation, l’inclusion et la reconnaissance de ces systèmes dans les contextes urbains et ruraux sont essentielles pour assurer leur avenir.
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