Vers un bilan d’azote régionalisé
Foto: Gabriela Brändle,
Agroscope
Le nouveau monitoring du système agro-environnemental suisse (MAUS) a pour objectif de déterminer les impacts environnementaux pour les régions et les types d’exploitation en utilisant si possible les données existantes. Le premier rapport relatif au système MAUS porte sur le bilan d’azote régionalisé.
Sur mandat de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), Agroscope recense, depuis 2009, les impacts environnementaux de l’agriculture pour différentes régions et types d’exploitations à l’aide d’indicateurs. Jusqu’en 2023, les indicateurs environnementaux étaient calculés à partir des données de 300 exploitations agricoles (Dépouillement centralisé des indicateurs agro-environnementaux, DC-IAE). Depuis 2023, le monitoring s’appelle désormais «monitoring du système agro-environnemental suisse» (MAUS) et s’appuie autant que possible sur des sources de données existantes. Les éventuelles lacunes dans les données sont comblées par des enquêtes spécifiques.
L’un des indicateurs environnementaux calculés dans le MAUS est le bilan à la surface du sol pour l’azote. Il désigne la différence entre la quantité d’azote apportée au sol et la quantité d’azote retirée du sol sous la forme de produits agricoles. Un bilan d’azote positif indique un excédent d’azote, ce qui peut avoir des effets négatifs sur l’environnement (p. ex. surfertilisation des écosystèmes, effet de serre) et sur la santé de la population (p. ex. teneur en nitrates de l’eau potable, formation de particules fines).
Bilan d’azote calculé à partir de données existantes
Afin de tester la méthodologie et de mettre en évidence les besoins d’amélioration, le bilan d’azote dans le sol a été calculé pour l’année 2021 au moyen du système MAUS. Les données utilisées sont principalement celles du système d’information sur la politique agricole (SIPA), du programme de gestion des flux et de recyclage des engrais de ferme (HODUFLU), des données d’utilisation géoréférencées des cantons et des données de différentes filières. A partir de ces données, les bilans d’azote ont été calculés à l’échelle des exploitations pour toutes les exploitations agricoles suisses, afin d’agréger ensuite les résultats à l’échelle souhaitée (p. ex. régions, zones agricoles).
Les résultats ont révélé de grandes différences entre les cantons: les excédents d’azote étaient plus élevés dans les cantons pratiquant l’élevage intensif et plus faibles dans les régions de montagne. De manière générale, les excédents diminuaient depuis la région de plaine, la région des collines, la région de montagne jusqu’à la région d’estivage.
Comparaison avec d’autres bilans
Pour vérifier la méthode, les résultats ont été agrégés au niveau national afin de les comparer avec le bilan national à la surface du sol de l’Office fédéral de la statistique (OFS). Selon le système MAUS, il en résulte un excédent moyen d’azote de 40 kg par hectare sur l’ensemble de la surface agricole suisse (surface agricole utile et région d’estivage) ou de 57 kg d’azote par hectare de surface agricole utile (SAU) sans la région d’estivage. Ces valeurs sont nettement inférieures à celles de l’OFS (66 kg d’azote par hectare de surface agricole utile, 90 kg d’azote par hectare de SAU). Le constat est le même si l’on compare les calculs de MAUS avec le bilan national «à la porte de la ferme» d’Agroscope.
Parallèlement aux travaux d’Agroscope, l’OFS a également calculé des bilans régionalisés, mais avec une approche différente: alors qu’Agroscope a calculé des valeurs au niveau de l’exploitation et les a ensuite agrégées à un niveau supérieur (p. ex. canton, Suisse; «bottom up»), l’OFS a ventilé les chiffres nationaux sur les différents cantons («top down»). Les valeurs absolues diffèrent donc entre les deux approches, mais la répartition en pourcentage des entrées et des sorties entre les cantons concorde très bien entre les deux approches.
L’utilisation d’engrais minéraux est calculée différemment
Les valeurs inférieures des calculs du MAUS s’expliquent principalement par le fait que le MAUS sous-estime les apports d’azote dus aux engrais minéraux (valeurs inférieures de 27% par rapport à celles de l’OFS). Le MAUS calcule l’utilisation d’engrais minéraux en déterminant l’apport d’azote au niveau de l’exploitation à l’aide de valeurs moyennes d’engrais spécifiques aux cultures. L’OFS, quant à lui, estime l’utilisation d’engrais minéraux à l’aide des chiffres d’importation.
Au cours des prochaines années, la méthode de calcul du bilan d’azote dans le MAUS continuera à être développée. Ainsi, des collectes de données supplémentaires (données satellites, données issues de systèmes d’information sur la gestion des exploitations agricoles, enquêtes en ligne) – y compris sur l’utilisation d’engrais minéraux – permettront à la fois de combler les lacunes et de disposer de données plus précises. L’objectif est de mieux mettre en évidence et de mieux comprendre, au cours des prochaines années, les raisons de la différence avec les valeurs nationales des apports et des retraits d’azote ainsi que les différences régionales.


Différence entre un bilan « à la porte de la ferme » (a) et un bilan à la surface du sol (b).
Conclusions
- Dans le nouveau monitoring agro-environnemental MAUS, des bilans régionaux d’azote ont été calculés pour l’année 2021 sur la base de sources de données existantes.
- Les résultats montrent qu’il est possible de calculer des bilans régionalisés avec la base de données existante, mais avec certaines restrictions.
- Pour vérifier la méthode, un bilan d’azote national a également été calculé et comparé à celui de l’Office fédéral de la statistique. Les valeurs du bilan MAUS sont nettement inférieures à celles de l’OFS, principalement parce que l’utilisation d’engrais minéraux est sous-estimée.
- Au cours des prochaines années, des données spécifiques seront collectées afin d’obtenir des résultats plus précis. L’objectif est de mieux mettre en évidence et de mieux comprendre les raisons de la différence avec les valeurs nationales et les différences régionales.
Référence bibliographique
Regionale Stickstoffbilanzen: Erste Ergebnisse von MAUS (Monitoring des Agrarumweltsystems Schweiz).