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Méthane: stratégies et potentiels de réduction des gaz à effet de serre dans l’agriculture

Les émissions de méthane augmentent rapidement et accélèrent le changement climatique. Une nouvelle étude de synthèse propose des mesures efficaces pour les réduire rapidement.

Le méthane est un gaz à effet de serre captant la chaleur de l’atmosphère beaucoup plus efficacement que le gaz carbonique – avec la petite mais importante différence que cela se produit sur une période beaucoup plus courte (décennies au lieu de siècles). Les réductions des émissions de méthane contribuent donc directement à un ralentissement substantiel du réchauffement climatique.

Depuis 2007, les concentrations de méthane dans l’atmosphère augmentent rapidement. L’homme est responsable de ces émissions, par exemple via l’agriculture, l’extraction et l’utilisation de combustibles fossiles et la gestion des déchets. La plus grande partie du méthane liée à l’agriculture provient de l’élevage et de la culture du riz.

Identification des hotspots grâce à de nouvelles méthodes de mesures

Cette étude résume les progrès rapides réalisés dans les méthodes pratiques directes pour quantifier et réduire les émissions de méthane liées à l’agriculture dans le monde entier. Elle identifie trois hotspots où la réduction des émissions de méthane est possible rapidement et facilement :

Hotspot No.1 : installations de biogaz. Ces installations produisent du biogaz riche en méthane à partir de déchets organiques. Une étude réalisée en Angleterre montre qu’elles perdent en moyenne 5.2 % de leur production de méthane (fourchette 1.7-12.7 %). Comme elles sont faciles à contrôler et optimiser, il est possible de réduire fortement les émissions.

Hotspot No 2 : gestion des engrais de ferme. Les silos à lisier sont d’importants émetteurs de méthane car ils offrent un climat idéal aux bactéries méthanogènes. Des couvertures plus étanches, une meilleure séparation des gaz, une séparation solide-liquide ou une acidification peuvent réduire les émissions.

Hotspot No 3 : incinération des déchets de récolte, des chaumes de céréales et de l’herbe. Cette pratique n’est guère présente en Europe aujourd’hui, mais c’est une réalité en Inde, en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne. Elle provoque de fortes émissions de méthane et une pollution de l’air faisant 43 000 morts par an en Afrique. Ces déchets pourraient être utilisés comme fourrage, dans des installations de biogaz ou pour le compostage.

Optimisations dans les rizières…

La riziculture inondée est un autre émetteur important de méthane dans les régions tropicales. Selon les estimations, elle produirait 29 millions de tonnes de méthane par an dans le monde. Une gestion optimisée de l’eau, la récolte de la paille hors saison et sa transformation en charbon végétal permettraient de réduire les émissions de 22-28 %.

… et dans l’élevage

Concernant les ruminants, une meilleure santé des animaux peut réduire les émissions de méthane car cela permet d’augmenter la productivité. La sélection de races de vaches émettant moins de méthane et l’utilisation d’additifs alimentaires pourraient également réduire les émissions.

L’estimation de l’impact global des mesures d’atténuation reste difficile. Selon l’étude, l’optimisation des installations de biogaz et de l’élevage permettrait l’économie de 30-40 millions de tonnes de méthane par an. Une meilleure gestion des déchets de récolte, une réduction de l’incinération et une gestion optimisée de la riziculture pourraient contribuer à 30 millions de tonnes supplémentaires – soit un total de 60 millions de tonnes par an d’ici 2050.

Une autre possibilité est la destruction du méthane : son oxydation le transforme en CO2, ce qui diminue son potentiel de gaz à effet de serre. Ce serait une option dans les écuries où on trouve des concentrations en méthane élevées. Dans les décharges, le méthane pourrait être capté et utilisé à des fins énergétiques, notamment dans les régions tropicales en complément à l’énergie solaire.

Contribution à une alimentation plus saine

Enfin, la modification de l’alimentation humaine peut également apporter une grande contribution à la réduction du méthane. Une alimentation adaptée aux besoins peut réduire la consommation alimentaire par personne. Cela permet de réduire aussi bien la production agricole que la quantité de déchets dans les décharges.

Conclusions

  • De nouvelles méthodes permettent aujourd’hui de mesurer sur place et à moindre coût les émissions de méthane. Il est dès lors possible d’identifier les hotspots et de prendre directement des mesures de réduction.
  • Le plus simple est de réduire les émissions. Les mesures les plus rapidement applicables sont l’élimination des fuites dans les installations et les conduites de biogaz ainsi que dans les installations servant à stocker le lisier.
  • Renoncer à brûler les déchets de récolte permettrait d’économiser des millions de tonnes de méthane et d’améliorer la santé de nombreuses personnes en Afrique et en Asie.
  • Dans les rizières, des changements dans la gestion de l’eau, un travail du sol adapté et un meilleur recyclage des déchets peuvent contribuer à réduire les émissions de méthane.
  • En ce qui concerne l’élevage, une meilleure santé du bétail et la sélection de races émettant moins de méthane peuvent y contribuer.
  • Les changements alimentaires et les technologies de destruction ou de capture du méthane peuvent participer à une réduction durable des émissions.
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