Paiements agro-environnementaux basés sur les résultats et leurs effets sur la biodiversité
Photo: Sergei Schaub,
Agroscope
Une étude sur les paiements agro-environnementaux basés sur les résultats en Suisse montre quel peut être l’impact des modalités de paiement sur la biodiversité.
Pour promouvoir la biodiversité sur les surfaces, les gouvernements du monde entier utilisent les paiements agroenvironnementaux comme principal instrument, et la Suisse ne fait pas exception. L’une des formes de ces paiements est le paiement agroenvironnemental basé sur les résultats, qui ne récompense pas la mise en œuvre d’une mesure, mais le résultat obtenu. L’objectif est d’accroître l’efficacité des mesures de politique agricole. Les agriculteurs reçoivent des paiements lorsqu’ils atteignent certains objectifs environnementaux. La réalisation des objectifs est généralement mesurée à l’aide d’une valeur seuil définie. En Suisse, par exemple, il est possible de demander des paiements pour les surfaces herbagères si au moins six espèces végétales figurant sur une liste définie d’espèces indicatrices peuvent y être identifiées.
Concentration sur les modalités de paiement
Une étude d’Agroscope a évalué l’effet des paiements basés sur les résultats sur la biodiversité des surfaces herbagères en Suisse. Le nombre de plantes indicatrices a été utilisé comme mesure de la biodiversité. Pour l’évaluation, on a utilisé un ensemble de données comprenant des informations sur la végétation pendant 20 ans sur un grand nombre de surfaces choisies au hasard en Suisse (Rapport méthodologique du MBD). L’étude s’est concentrée sur l’influence du seuil (= le nombre d’espèces indicatrices à atteindre) sur la biodiversité. Afin de pouvoir mesurer un effet causal des paiements basés sur les résultats, les spécialistes d’Agroscope ont utilisé les variations temporelles et spatiales du montant de ces paiements issues d’une réforme de la politique agricole suisse en 2014.
Impact de la valeur seuil
L’étude d’Agroscope fournit deux conclusions essentielles: premièrement, il apparaît que le nombre d’espèces indicatrices a augmenté plus fortement sur les surfaces qui se situaient juste en dessous du seuil avant la réforme que sur les surfaces qui dépassaient déjà ce seuil et qui étaient donc éligibles. En d’autres termes, la réforme des paiements a incité les exploitations à promouvoir la biodiversité de manière ciblée sur les surfaces qui étaient proches du seuil. En revanche, les surfaces qui étaient déjà éligibles ont montré moins de changements. Deuxièmement, il apparaît que l’amélioration de la biodiversité sur les surfaces qui présentaient à l’origine un nombre nettement plus faible d’espèces indicatrices et auraient donc eu des coûts d’adaptation plus élevés, a été moins fortement encouragée par la réforme.
Des pistes prometteuses pour l’avenir
Les résultats mettent en évidence une caractéristique essentielle des paiements agroenvironnementaux basés sur les résultats: ils entraînent des changements au niveau de la biodiversité principalement sur les surfaces dont la biodiversité est proche du seuil. Par conséquent, l’introduction de plusieurs seuils ou de seuils continus au lieu d’un seul seuil pourrait améliorer l’efficacité de ces paiements.
L’amélioration et l’efficacité des programmes agro-environnementaux basés sur les résultats sont particulièrement importantes, car leur importance dans la politique agricole des pays européens augmente et les ressources financières sont limitées.
Conclusions
- La réforme de la politique agricole suisse de 2014 a conduit à une augmentation de la biodiversité sur les surfaces qui se situaient juste en dessous du seuil de six espèces indicatrices à prouver, tandis que les surfaces déjà éligibles ont montré moins de changements.
- La réforme a eu moins d’effet sur la biodiversité dans les zones où la biodiversité de départ était faible et les coûts d’adaptation élevés.
- Un nombre plus élevé ou des valeurs seuils continues pourraient rendre les paiements basés sur les résultats plus ciblés et plus efficaces.
Référence bibliographique
The effect of result-based agri-environmental payments on biodiversity: Evidence from Switzerland.